Hermeline Malherbe, Présidente du Département a visité, ce mardi 23 juillet, avec Nicolas GARCIA, 1er Vice-Président du Département et maire d’Elne, le chantier-école, situé sur la commune d’Elne, dont le Département s’est porté acquéreur cette année. « Le Département est fier d’accueillir, pour la première fois, 21 étudiants qui pourront apprendre et s’exercer en conditions réelles, pour les années à venir, aux côtés de 6 archéologues du Service Archéologique du Département. C’est une véritable opportunité pour eux d’apprendre et pour nous de transmettre notre savoir, notre histoire et nos richesses patrimoniales.» précise la Présidente du Département.
Ce chantier est suivi et réalisé par le Service Archéologique du Département des Pyrénées-Orientales avec le soutien financier et la collaboration de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie (DRAC), de la Région Occitanie, de la Commune d’Elne, de l’Institut National d’Archéologie Préventive (Inrap) et de l’Université de Perpignan – Via Domitia.
Le site archéologique de Palol d’Avall se trouve à l’extrémité orientale de la commune d’Elne. Installé en bordure de la voie domitienne qui relie Rome au sud de l’Espagne, le site est occupé de façon continue du IVe siècle de notre ère jusqu’au XIIIe siècle. En 1967, des sondages réalisés sur la partie sud du site ont permis de mettre au jour le plan partiel d’une villa gallo-romaine constituée d’au moins huit pièces. La découverte d’un chapiteau et d’un fragment d’une table d’autel du VIe siècle laisse supposer la présence toute proche d’une église paléochrétienne. À partir des Xe-XIe siècles, un village médiéval se structure autour de l’église Sainte-Marie. Ce dernier est fortifié avec le creusement, dès le XIIe siècle, d’un fossé. La désertion du village semble intervenir dans le courant du XIIIe siècle tandis que l’église, encore en élévation au XIXe siècle, est rasée au début du siècle suivant.
Ce site, majeur en Roussillon, pourrait correspondre à la station-relais d’Ad Stabulum installée le long de la voie domitienne et mentionnée par les auteurs antiques.
En collaboration avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie, des sondages de reconnaissance ont été réalisés en mars 2023 par le Service Archéologique du Département afin de vérifier l’état de conservation du site et son emprise.
Ces sondages ont mis en lumière un site archéologique important, bien conservé avec les vestiges d’une église, d’un cimetière riche d’environ 700 tombes et d’un village ceinturé par un fossé, installé probablement sur ou en bordure d’une grande villa d’époque romaine. La stratigraphie (ou empilement des couches) est remarquable et atteint par endroits 2 m d’épaisseur. Cette accumulation de vestiges est rarement observée en contexte rural.
> En 2024, le Département s’est porté acquéreur de la parcelle, au prix du terrain agricole, la parcelle étant non constructible et en zone inondable.
L’intérêt scientifique du site est important. Il devait permettre :
-
d’apporter un éclairage sur l’occupation du territoire de la ville d’Elne, première cité du Roussillon, durant l’Antiquité et le Moyen Âge,
-
de comprendre le rôle des grandes villas installées le long de la voie domitienne, siège d’une aristocratie d’époque romaine,
-
de comprendre et d’étudier la longue transition entre la fin de l’époque romaine et le début du Moyen Âge,
-
d’étudier l’habitat paysan du haut Moyen Âge en Roussillon (Ve-Xe siècles), peu connu,
-
de comprendre comment le village roussillonnais, groupé autour de l’église, est né au tournant de l’an Mil, modifiant en profondeur et pour longtemps nos campagnes,
-
d’étudier le fonctionnement d’un cimetière médiéval et notamment son organisation et le soin apporté aux défunts,
-
de mieux comprendre cette population par l’étude des squelettes : pratiques funéraires, démographie, alimentation et maladies,
-
d’analyser les causes de l’abandon du site, au coeur de la plaine inondable du Tech, contemporain du petit âge glaciaire qui se caractérise par un changement climatique entraînant des crues régulières et catastrophiques… un sujet d’actualité !
Ces problématiques sont au coeur de cette première campagne de fouilles archéologiques.
Cette fouille archéologique est aussi un chantier école destiné à la formation des étudiants à l’archéologie et à la préservation du patrimoine. Elle s’inscrit dans le cadre d’une convention qui lie le Département des Pyrénées-Orientales et le laboratoire du CRESEM de l’Université de Perpignan Via Domitia afin de favoriser l’accueil des étudiants et leur apporter une formation pratique. Elle complète ainsi la fouille de la Cauna de l’Arago à Tautavel, consacrée à la Préhistoire ancienne, en axant la formation sur les périodes historiques : la période romaine et médiévale.
Durant cette première campagne, le chantier-école accueille 21 étudiants, de l’université de Perpignan mais aussi des universités de Montpellier, Toulouse, Paris et Bordeaux. Les étudiants sont encadrés par six archéologues professionnels du Département et participent à toutes les activités de la fouille : fouille de maisons, de tombes,
traitement du matériel mis au jour.
Toutes les semaines, des cours théoriques sont organisés afin de compléter la formation. Ce chantier s’inscrit dans la durée et est appelé à durer de nombreuses années avec tous les ans une campagne de fouille organisée au mois de juillet.
Des découvertes déjà prometteuses
Cette année, la fouille a permis de dégager les fondations de l’église Sainte-Marie. Il s’agit d’un édifice roman à deux nefs, de grande taille. Au centre de la nef, se trouve un bâtiment qui intrigue les archéologues. Il pourrait s’agir soit d’une d’une église plus ancienne soit d’un bâtiment romain englobé lors de la construction de l’église. Sa fouille s’annonce passionnante mais n’interviendra que l’année prochaine. Autour de l’église se déploie un important cimetière, estimé entre 400 et 700 tombes, bien conservées et dont la fouille devrait apporter des informations sur les modes de vie et les pratiques funéraires d’une population médiévale roussillonnaise.
Autour se développe un habitat avec des maisons probablement construites en terre qui montrent que cette technique de construction était très répandue au Moyen Âge