En 2022, le Service Archéologique du Département des Pyrénées-Orientales a mis au jour 4 sarcophages monolithiques en pierre calcaire équipés de leur couvercle lors d’un suivi archéologique de pose d’un réseau d’assainissement sur la commune d’Elne, dans les Pyrénées-Orientales;
Ces sarcophages, datés des IIIe-IVe siècles de notre ère, ont été exhumés à 3 m de profondeur et étaient en partie immergés dans la nappe phréatique. Ils font partie d’une nécropole tardo-antique probablement structurée autour d’une église dédiée au culte de saint Pierre.
Le service archéologique organise la restauration des 4 sarcophages par un groupement de restaurateurs agréés. Les sarcophages seront ensuite présentés à Elne, au musée Terrus, dans un futur espace muséographique consacré à la naissance de l’évêché à la fin de l’Antiquité.
Un peu plus de contexte :
Elne présente la particularité d’une occupation longue et ininterrompue de plus de 25 siècles. Installée sur un oppidum, au carrefour de grandes voies commerciales, la plus ancienne cité du Roussillon conserve d’impressionnantes murailles médiévales et un ensemble monumental remarquable avec sa cathédrale romane et son cloître. La véritable occupation de l’oppidum remonte à la fin du VIe siècle avant J.-C. Entre le IVe siècle et le IIIe siècle avant notre ère, Elne bénéficie d’une forte influence ibérique. À cette époque, l’agglomération qui porte le nom d’Illiberis, couvre plus de dix hectares.
Le Roussillon devient romain vers 121/118 avant J.-C. avec la création de la province de Transalpine qui deviendra la Narbonnaise sous Auguste. Au Ier siècle avant notre ère, la ville d’Elne périclite au profit de Ruscino (Château-Roussillon), sa grande rivale en Roussillon. Le renouveau de la ville intervient à la fin du Ier siècle après J.-C. : la ville haute et peut-être la ville basse sont massivement réinvesties. Elne bénéficie en cela de l’effondrement de Ruscino dans la seconde moitié du Ier siècle.
La ville haute d’Elne semble abandonnée au tout début du Ve siècle, peut-être la conséquence du premier passage des Wisigoths en 415. Le castra du bas Empire devient le siège d’un évêché en 571. Nous ne connaissons rien de cette période sinon la présence, en ville basse, d’une importante nécropole, peut-être organisée autour d’une église funéraire, où ont été retrouvés les sarcophages en cours de restauration.
Les archéologues du Département reviennent de leur dernière opération, autour de la Tour de Batère. Sollicités pour un soutien technique sur le projet de restauration de la tour, l’intervention a été prise en charge gracieusement dans le cadre de l’aide aux communes pour la mise en valeur du patrimoine.
L’équipe du service archéologique a réalisé plusieurs sondages pour documenter les niveaux archéologiques conservés sur le replat en contrebas de la tour ainsi que les différents murs qui sont aménagés autour.
La Tour de Batère, connue en tant que tour à signaux, est installée à 1437 m d’altitude au sommet d’un éperon rocheux, lequel est englobé par une imposante maçonnerie à double parement, mesurant entre 1.10 et 2.30 m d’épaisseur, et conservée par endroit sur une hauteur de plus de 2 m. À cette vaste enceinte sont associées plusieurs autres maçonneries, dont on ne sait si elles lui sont contemporaines.
Les sondages ont montré que l’intérieur de cette enceinte était aménagé, grâce à la présence de murs de refend et de niveaux de sol chaulés.
L’intervention archéologique a également été l’occasion de procéder au relevé topographique de tous les vestiges identifiés, afin de produire un plan géoréférencé du secteur. Des photographies aériennes faites par drone viennent compléter la documentation des vestiges.
L’étude de l’ensemble des données recueillies (mobilier archéologique, plans et photographies des vestiges immobiliers, recherches historiographiques) permettront une meilleure connaissance du site.
Les archéologues du Département sont intervenus sur le site de Palol d’Avall situé dans la commune d’Elne, installé en bordure de la voie domitienne qui relie Rome au sud de l’Espagne. Ce site, majeur en Roussillon, pourrait correspondre à la station-relais d’Ad Stabulum mentionnée par les auteurs antiques.
Une première prospection géophysique (géoradar et magnétomètre) a été menée en collaboration avec l’Université de Toulouse (Muriel Llubes, CNRS ; Nicolas Poirier, TRACES), et a permis de détecter la présence de vestiges archéologiques.
En 1967, des sondages furent réalisés sur la partie sud du site. Le plan partiel d’une villa gallo-romaine constituée d’au moins huit pièces fut découvert, accompagné d’un chapiteau et d’un fragment d’autel du VI° siècle laissant supposer la présence toute proche d’une église paléochrétienne.
Lors de l’ouverture du chantier en janvier 2023, les archéologues ont mis au jour une petite église médiévale à double abside accompagnée d’un cimetière. Cette église était encore en élévation au XIX° siècle avant d’être rasée au début du siècle suivant. Grâce aux sources historiques, nous savons qu’à partir des X°-XI° siècles, un village médiéval se structure autour de cette église avant d’être déserté dans le courant du XIII° siècle.
Le potentiel archéologique du site de Palol d’Avall, occupé de façon continue du II° siècle avant notre ère jusqu’au début du XIV° siècle, est connu depuis plusieurs années, les habitants de longue date de la commune d’Elne étaient familiers des ruines de cette église qui n’étaient pas encore recouvertes par le sol.
L’ensemble des données de l’opération sont aujourd’hui à l’étude au sein du Service Archéologique Départemental afin d’affiner la datation du site et de mieux appréhender son histoire.
Les fouilles archéologiques des bastions du Château royal de Collioure
Le Service Archéologique Départemental a eu le plaisir de vous convier à la Médiathèque La Marquise à Pollestres le vendredi 9 juin à 19h pour vous présenter le chantier archéologique des bastions du Château royal de Collioure et l’état des recherches associées toujours en cours.
Cette conférence présentée par Estelle Joffre et Olivier Passarrius (agents du Service Archéologique Départemental) avait pour but d’offrir au public une meilleure compréhension de l’évolution des aménagements effectués au cours des époques médiévales et modernes sur les bastions.
Une projection du film documentaire « Des murs contre les canons » de Philippe Benoist a eu lieu à la fin de la conférence.
Résumé :
Au cours de cette conférence, les agents du Service Archéologique Départemental vous ont présenté l’évolution du Château Royal de Collioure par le biais d’exemples précis sur les bastions. Le bastion nord et le bastion de la mer ont révélé une véritable imbrication de vestiges, tels des poupées russes, mêlant des bâtiments de différentes époques qui sont venus tour à tour masquer les précédents.
Estelle Joffre et Olivier Passarrius vous ont fait survoler ces phases de constructions successives par le biais des vestiges archéologiques : la courte occupation française du Roussillon (1462-1493), puis la reprise du château par la monarchie espagnole jusqu’en 1642, et la transformation de la place forte en véritable citadelle par les ingénieurs de Louis XIV au XVIIe siècle. La conférence fut aussi l’occasion de vous présenter des vestiges plus récents témoignant des conflits du XXe siècle. Cette rencontre a permis aux archéologues de vous révéler l’ouvrage défensif du XVIe siècle qui a été découvert lors de la fouille du bastion nord, et qui était jusqu’alors inconnu.
L’objectif était de présenter aux publics une vision globale de l’état actuel des recherches sur les bastions du château de Collioure, et de mettre l’accent sur l’intérêt de croiser les informations entre les fouilles archéologiques, l’étude du mobilier, les études spécialisées sur l’artillerie mais aussi un travail sur les archives et les plans. L’ensemble a pu apporter des indices très riches et précis.
Elne à l’âge du Fer, premiers résultats de la fouille programmée
Les archéologues du Département ont eu le plaisir de vous convier à la conférence du 17 juin 2023 qui s’est tenue à l’Université de Perpignan UPVD. La conférence a été organisée par l’AAPO
(Association Archéologique des Pyrénées Orientales) et vous a été présentée par Jérome Bénézet, agent du Service Archéologique Départemental, archéologue spécialiste de l’âge du Fer.
Depuis 2012, la réalisation de plusieurs opérations par le Service Archéologique Départemental dans l’agglomération d’Elne, en particulier sur le plateau des Garaffes, a considérablement renouvelé les données jusqu’ici acquises sur l’occupation protohistorique qui s’y est développée
entre le VIe et le Ier siècle avant J.-C.
Le chantier archéologique programmé du plateau des Garaffes a accueilli de nombreux bénévoles, essentiellement des étudiants, entre 2016 et 2020, dans le but de les former aux techniques de fouille en archéologie. Cette conférence fut l’occasion de vous révéler les premiers résultats de cette opération.
La conférence avait pour objectif de vous présenter un nouvel état des lieux des recherches qui renouvelle nos connaissances sur l’organisation générale de l’agglomération et son évolution sur le long terme, les formes de l’habitat ainsi que la culture matérielle et les dynamiques commerciales d’Elne/Illiberis tout au long de l’âge du Fer.